Revue de presse du 15 avril 2019

Revue de presse







Une équipe de chercheurs de l’Organisation des Nations unies, de l’Université du Massachusetts et de l’Université de Singapour a réalisé une importante étude démographique sur le sex ratio at birth mondial. Il est communément admis que le sex ratio at birth naturel est d’environ 1,05 (soit 100 bébés de sexe féminin pour 105 bébés de sexe masculin) – une inégalité dont on ignore toujours la raison – et des recherches antérieures ont montré que des facteurs sociaux peuvent le modifier. Les auteurs de cette nouvelle recherche ont voulu mieux quantifier l’impact démographique d’un de ces facteurs, les avortements réalisés en fonction du sexe (sex-selective abortion) : plus précisément, qu’advient-il du sex ratio lorsque les bébés de sexe féminin sont avortés ?

À cette fin, ils ont analysé des données (enquêtes démographiques, recensements et registres de naissance) issues de deux cent deux pays entre 1950 et 2017. Publiés dans la prestigieuse revue Proceedings of the National Academy of Sciences, les résultats de cette étude montrent que les avortements réalisés en fonction du sexe entraînent des distorsions du sex ratio plus importantes qu’on le pensait.

Il en ressort notamment que douze pays ont une proportion anormalement élevée d’hommes par rapport aux femmes : l’Albanie, l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Chine, la Corée du Sud, la Géorgie, Hong Kong, l’Inde, le Monténégro, Taiwan, la Tunisie et le Vietnam. Ces douze pays ont connu des périodes où la pression sociale favorisait les bébés de sexe masculin. Les chercheurs ont constaté que les différences les plus importantes entre les sexes apparaissent en Chine et en Inde – 800 000 avortements de filles ont été perpétrés en Chine et 671 000 en Inde durant la seule année 2017.

La Chine concentre 51 % des filles manquantes. Le sex ratio at birth y est monté jusqu’à 1,179 (soit environ 100 naissances féminines pour 118 naissances masculines) en 2005. Il est descendu à 1,143 (soit environ 100 naissances féminines pour 114 naissances masculines) en 2017, mais cette tendance à la baisse reste à confirmer : le désir de filles semble augmenter peu à peu depuis la fin de la politique de l’enfant unique, mais il faudra plusieurs années pour rééquilibrer le sex ratio, notamment en raison du manque de femmes nées en 2005 qui ont maintenant atteint l’âge de procréer.

Le sex ratio at birth est revenu à la normale en Corée du Sud, en Géorgie et à Hong Kong, mais la baisse est encore légère en Inde, où se perpètrent 41 % des avortements féminins.

Les chercheurs ont calculé que la Chine compte actuellement environ 11,9 millions de missing female births et l’Inde environ 10,6 millions, soit 22,5 millions de « femmes disparues » pour ces deux seuls pays. Le total général combiné pour tous les pays s’élève à environ 23,1 millions de « femmes disparues ». Les chercheurs suggèrent que ces calculs soient pris en compte lors des futures études démographiques :

« An up-to-date systematic analysis for the [sex ratio at birth] — one of the most fundamental demographic indicators — for all countries over time using all available data with reproducible estimation method is urgently needed. »

Les auteurs de l’étude n’osent toutefois pas aller jusqu’à constater que la revendication féministe d’un « droit des femmes à disposer du corps d’autrui » se retourne en fait contre les femmes…




  • Gabriel (Oihana), « La ministre de la Santé face aux jeunes », 20 minutes, nº 3411, 15 avril 2019, p. 8.



  • Lafforest (Dominique, de), « Unplanned », France catholique, 15 avril 2019.




Jan Karbaat

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