Revue de presse du 2 janvier 2019

Revue de presse







Donne Chiesa Mondo, nº 75, 2 janvier 2019Donne Chiesa Mondo est le supplément mensuel féminin du quotidien romain L’Osservatore Romano, publié par le dicastère pour la communication (le service officiel d’information du Vatican). Intitulée « Riforme non rivoluzione » (« Des réformes pas une révolution »), sa première livraison de l’année est essentiellement consacrée à la nécessité présumée d’une participation croissante des femmes au sein de l’Église, allant jusqu’à proposer leur présence au sein du Conseil des cardinaux, constitué par le pape François pour l’aider à réformer la curie romaine. Même si cette publication n’engage en rien le magistère de l’Église catholique, elle permet de mesurer les progrès du féminisme dans une institution « paternaliste » s’il en est.

La journaliste féministe Lucetta Scaraffia donne le ton dans son éditorial (p. 2) :

« Non è necessaria una rivoluzione per dare alle donne il posto che meritano nella Chiesa, non è indispensabile concedere loro il sacerdozio, e neppure il […] diaconato. Bastano infatti un po’ di coraggio e la capacità profetica di guardare al futuro con occhi positivi, accettando cambiamenti che spesso sono già iscritti nell’ordine delle cose. In questo numero di «donne chiesa mondo» proviamo a proporre cambiamenti che potrebbero essere realizzati fin d’ora, senza toccare dogmi né codici di diritto canonico. […]

« Bisogna vincere le resistenze di chi, senza una ragione né un appoggio giuridico, cerca di escluderle dai ruoli più importanti. […]

« Un ostacolo […] alla pratica di questa parità sta nella disparità di preparazione culturale delle religiose rispetto a quella riservata a religiosi e sacerdoti. […] All’inizio del Novecento le religiose sono state fra le prime donne a laurearsi nelle università di stato […]. Da avanguardie le religiose sono diventate il fanalino di coda.

« Le donne — e in particolare le religiose — possono già essere invitate a partecipare a molti organismi, compreso il Consiglio di cardinali istituito da Francesco un mese esatto dopo la sua elezione, o a parlare nelle congregazioni che precedono il conclave.

« […] È preferibile che la presenza femminile nella Chiesa sia quella espressa liberamente dalle associazioni, invece della pratica ora in vigore di scegliere singole figure femminili da parte della gerarchia. Si eviterebbe così un rapporto paternalistico nei confronti delle religiose e una selezione che rischia di premiare non le più competenti ma le più obbedienti. »

Traduction P@ternet :« Une révolution n’est pas nécessaire pour donner aux femmes la place qu’elles méritent dans l’Église. Il n’est pas indispensable de leur concéder le sacerdoce ni même le diaconat […]. Il suffit en fait d’un peu de courage et de la capacité prophétique à regarder l’avenir avec optimisme, en acceptant des changements qui sont souvent déjà inscrits dans l’ordre des choses. Dans ce numéro de Donne Chiesa Mondo, nous essayons de proposer des changements qui pourraient être réalisés dès maintenant, sans toucher aux dogmes ni au code de droit canonique. […]« Il faut vaincre les résistances de ceux qui, sans raison ni soutien juridique, cherchent à exclure [les femmes] des rôles les plus importants. […]

« Un obstacle […] à la pratique de cette parité est constitué par la disparité entre la formation des religieuses et celle réservée aux religieux et aux prêtres. […] Les religieuses ont été parmi les premières femmes à être diplômées dans les universités d’État au début du vingtième siècle […]. De l’avant-garde, les religieuses se sont retrouvées à la traîne.

« Les femmes – et en particulier les religieuses – peuvent déjà être invitées à participer à de nombreux organismes, y compris le Conseil des cardinaux institué par François exactement un mois après son élection, ou à s’exprimer dans les congrégations qui précèdent le conclave.

« […] Il est préférable que la présence féminine dans l’Église soit celle exprimée librement par les associations, au lieu de la pratique actuellement en vigueur qui consiste à faire choisir des figures féminines isolées par la hiérarchie. Cela éviterait une relation paternaliste avec les religieuses et une sélection risquant de récompenser non pas les plus compétentes mais les plus obéissantes. »

Dans une tribune intitulée « È davvero ora! » (« C’est vraiment maintenant ! », pp. 3-5), le cardinal Reinhard Marx (archevêque de Munich et Freising, président de la Deutsche Bischofskonferenz) n’est pas en reste. En voici de larges extraits :

Reinhard Marx (© Wolfgang Roucka)

Reinhard Marx (© Wolfgang Roucka)

« I vescovi tedeschi nel 2013 si sono impegnati con una dichiarazione: ad aumentare sensibilmente il numero delle donne nei ruoli di leadership nella Chiesa accessibili a tutti i laici; ad approfondire dal punto di vista teologico e pastorale la partecipazione delle donne (e dei laici in generale) ai compiti di leadership della Chiesa; a promuovere una pastorale sensibile ai generi nella teologia e nella pratica.

« Al fine di mettere in pratica tale dichiarazione sono stati avviati diversi progetti.

« I vescovi tedeschi nel 2015 si sono confrontati teologicamente in Gemeinsam Kirche sein (“essere Chiesa insieme”) con le questioni della leadership anche da parte delle donne nella Chiesa.

« Un programma di mentoring [ha] preparato quasi cento donne a un compito di leadership nella Chiesa.

« Nel corso di una giornata di studi i vescovi tedeschi si sono occupati del dibattito sul gender […].

« L’ampio studio del 2018 Sexueller Missbrauch an Minderjährigen durch katholische Priester, Diakone und männliche Ordensangehörige im Bereich der Deutschen Bischofskonferenz (“Abusi sessuali nei confronti di minori da parte di sacerdoti, diaconi e membri di ordini cattolici nell’ambito della Conferenza episcopale tedesca”) indica soprattutto “strutture clericali e una gestione clericale nella Chiesa cattolica” che hanno contribuito ad abusi sessuali così massicci e al loro insabbiamento nella Chiesa. Le donne nelle posizioni di leadership nella Chiesa contribuiscono decisamente a spezzare i circoli clericali chiusi.

« Se, come chiede l’Instrumentum laboris, la Chiesa vuole promuovere la dignità della donna (cfr. n. 158), allora non basta ripetere i testi magisteriali pertinenti. Dobbiamo affrontare le richieste dei giovani, spesso scomode e impazienti, di uguaglianza delle donne anche nella Chiesa. Non possiamo più tenerci semplicemente fuori dai discorsi del presente e dobbiamo imparare di nuovo una cultura del confronto, per inserirci argomentando e offrendo orientamenti nei dibattiti sociali su questioni importanti dell’umanità come la sessualità, il ruolo delle donne e degli uomini e il modo in cui si modellano i rapporti umani. E, per amore di credibilità, dobbiamo coinvolgere ancora di più le donne nei compiti di leadership a tutti i livelli della Chiesa, dalla parrocchia alla diocesi, alla conferenza episcopale e anche al Vaticano stesso. Dobbiamo volerlo davvero e anche metterlo in pratica!

« L’impressione che quando si tratta di potere la Chiesa in fondo è una Chiesa degli uomini va superata nella Chiesa universale, e anche qui in Vaticano. Altrimenti le giovani donne da noi non troveranno una vera possibilità di realizzazione. È davvero ora! »

Traduction P@ternet :« Les évêques allemands se sont engagés dans une déclaration en 2013 à augmenter sensiblement le nombre des femmes aux postes de responsabilité ecclésiale accessibles à tous les laïcs, à approfondir du point de vue théologique et pastoral la participation des femmes (et des laïcs en général) aux tâches de responsabilité ecclésiale et à promouvoir une pastorale prenant en compte les genres dans la théologie et la pratique.« Différents projets ont été lancés afin de mettre cette déclaration en pratique.

« En 2015, dans Gemeinsam Kirche sein (“Être Église ensemble”), les évêques allemands se sont confrontés théologiquement aux questions du leadership – y compris par des femmes – dans l’Église.

« Un programme de tutorat [a] préparé une centaine de femmes à une tâche de responsabilité ecclésiale.

« Au cours d’une journée d’études, les évêques allemands se sont occupés du débat sur le genre […].

« La grande étude de 2018 Sexueller Missbrauch an Minderjährigen durch katholische Priester, Diakone und männliche Ordensangehörige im Bereich der Deutschen Bischofskonferenz (“Abus sexuels à l’égard de mineurs par des prêtres, diacres et religieux catholiques dans la région de la Conférence épiscopale allemande”) révèle notamment que “les structures et la gestion cléricales dans l’Église catholique” ont contribué à des abus sexuels aussi massifs et à leur dissimulation dans l’Église. Les femmes occupant des postes de responsabilité ecclésiale contribuent de façon décisive à briser les cercles cléricaux fermés.

« Si, comme le demande l’Instrumentum laboris, l’Église veut promouvoir la dignité de la femme (cf. n. 158), il ne suffit pas alors de répéter les textes pertinents du Magistère. Nous devons affronter les demandes des jeunes – souvent incommodes et impatientes – d’égalité des femmes dans l’Église aussi. Nous ne pouvons plus nous tenir simplement en dehors des discours du présent et nous devons apprendre à nouveau une culture de la confrontation, pour nous insérer, en argumentant et en offrant des orientations, dans les débats sociaux sur des questions importantes de l’humanité comme la sexualité, le rôle des femmes et des hommes, et la façon dont se modèlent les relations humaines. Et, pour être crédibles, nous devons davantage impliquer les femmes dans les tâches de responsabilité à tous les niveaux de l’Église, de la paroisse au diocèse, à la conférence épiscopale et même au Vatican. Nous devons vraiment le vouloir et le mettre en pratique !

« L’impression qu’en fin de compte l’Église est une Église d’hommes, quand il s’agit de pouvoir, doit être surmontée dans l’Église universelle, et aussi ici, au Vatican. Sinon, les jeunes femmes ne trouveront pas chez nous de réelle possibilité de réalisation. C’est vraiment maintenant ! »

Lucetta Scaraffia poursuit sa critique dans un article intitulé « Non più ombre grigie e obbedienti » (« Plus d’ombres grises et obéissantes », pp. 7-10) :

Lucetta Scaraffia (© D.R.)

Lucetta Scaraffia (© D.R.)

« Se si osservano con attenzione le varie esperienze della Chiesa che sono in corso nel mondo, si rimane colpiti dal fatto che nei più diversi settori (cultura, pastorale, diritto, missioni, evangelizzazione) i contributi più innovativi, quelli che hanno incontrato maggiore successo, vengono da donne, e non da donne qualsiasi, ma dalle religiose. Sì, proprio quelle religiose che — se uno le osserva dalla Santa Sede, o dalle istituzioni centrali delle Chiese locali — sembrano solo ombre grigie e obbedienti, felici del loro ruolo dimesso e dimenticato. […]

« Chiunque si può rendere conto che nei momenti decisionali della vita della Chiesa le donne — ma soprattutto le religiose — non sono previste, non sono ascoltate, e si procede come se non esistessero […].

« Se si vuole veramente dare un colpo al clericalismo, bisogna cominciare di lì, dalle religiose, e non tanto come singole persone […] ma soprattutto nella forma collettiva delle associazioni già esistenti.

« Perché inserire la presenza di qualche donna qua e là nei dicasteri, in genere isolata e scelta fra le più ubbidienti, non cambia niente. […] Se si pensa che perfino nella congregazione per i religiosi — nonostante le donne costituiscano quasi i due terzi del numero complessivo dei religiosi — c’è una sola sottosegretaria, ovviamente sovrastata, per quanto si possa dar da fare per far sentire la sua voce, da tutti i dirigenti sacerdoti, si capisce come le religiose non siano mai ascoltate nella loro realtà complessiva […].

« Certo questa proposta si scontra con un pregiudizio molto radicato: che ascoltare le religiose non sia di nessun interesse, che le religiose non pensino proprio niente, prive come sono di cultura e dedite a lavori servili […]. Ho sentito perfino un dirigente vaticano chiamare le suore “teste di cotone” per sottolineare la loro povertà intellettiva. […] Le molte suore che lavorano incessantemente con compiti di servizio di vario tipo in Vaticano devono tenere un contegno sottomesso, accettare che il loro lavoro intellettuale se buono venga attribuito al superiore di turno, devono in sostanza scomparire come personalità individuali. “Sono loro che preferiscono così” mi viene detto spesso…

« […] Il sacrificio delle donne è utilizzato solo per rafforzare il potere di chi già ce l’ha. »

Traduction P@ternet :« Si on observe attentivement les diverses expériences de l’Église qui se déroulent dans le monde, on est frappé par le fait que, dans les secteurs les plus divers (culture, pastorale, droit, missions, évangélisation), les contributions les plus novatrices, celles qui ont rencontré le plus grand succès, viennent de femmes, et non de femmes quelconques, mais de religieuses. Oui, rien que des religieuses qui – si on les observe du Saint-Siège ou des institutions centrales des Églises locales – semblent seulement des ombres grises et obéissantes, heureuses de leur rôle modeste et oublié. […]« Chacun peut se rendre compte que dans les moments décisifs de la vie de l’Église, les femmes – mais surtout les religieuses – ne sont pas considérées, ni écoutées, et que l’on procède comme si elles n’existaient pas […].

« Si l’on veut vraiment porter un coup au cléricalisme, il faut commencer par là, par les religieuses, et non pas en tant que personnes individuelles […] mais surtout dans la forme collective des associations déjà existantes.

« Car introduire quelques femmes, en général isolées et choisies parmi les plus obéissantes, ici ou là dans les dicastères ne change rien. […] Si l’on pense que, même dans la congrégation pour les religieux – alors que les femmes constituent presque les deux tiers du nombre total des religieux – il n’y a qu’une seule sous-secrétaire, évidemment débordée, quelque mal qu’elle se donne pour faire entendre sa voix par tous les dirigeants ecclésiastiques, on comprend que les religieuses ne soient jamais écoutées dans leur réalité globale […].

« Certes, cette proposition se heurte à un préjugé profondément enraciné : écouter les religieuses n’est d’aucun intérêt, les religieuses ne pensent absolument rien, car elles sont privées de culture et consacrées à des travaux serviles […]. J’ai même entendu un dirigeant du Vatican appeler les sœurs des “têtes en coton”, pour souligner leur pauvreté intellectuelle. […] Les nombreuses sœurs qui travaillent sans cesse à différentes sortes de tâches ancillaires au Vatican doivent garder un comportement de soumission, accepter que leur travail intellectuel – s’il est bon – soit attribué au supérieur de service, doivent en substance disparaître en tant que personnalités individuelles. “Ce sont elles qui préfèrent qu’il en soit ainsi”, me dit-on souvent…

« […] Le sacrifice des femmes n’est utilisé que pour renforcer le pouvoir de ceux qui l’ont déjà. »

Nicla Spezzati, la sous-secrétaire de la Congrégation pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique évoquée ci-dessus, réclame pour les religieuses le « Diritto a un percorso di studi solido e coerente » (« droit à un parcours d’études solide et cohérent », pp. 11-13), et expose la stratégie à mettre en œuvre :

Nicla Spezzati (© D.R.)

Nicla Spezzati (© D.R.)

« Non sono le macro-rivoluzioni, ma i micro-processi, intuiti, voluti e perseguiti a cambiare la storia. Le macro-rivoluzioni generano violenza e durezza. I micro-processi operano il cambiamento nei vissuti concreti […]. Nei processi storici le donne hanno offerto un apporto peculiare, senza rivoluzioni, gestendo il quotidiano con ingegnosa e critica tenacia. Così per le donne consacrate le svolte operate sono il frutto di micro-processi, di intuizioni, di decisioni, di azioni audaci, talora silenziose: dall’intelligenza al centro del cuore ove ci si decide per l’humanum e per Dio. Con lievità. »

Traduction P@ternet :« Ce ne sont pas les macro-révolutions, mais les micro-processus, intuitifs, voulus et poursuivis, qui changent l’histoire. Les macro-révolutions génèrent violence et dureté. Les micro-processus opèrent le changement dans le concret des situations vécues […]. Dans les processus historiques, les femmes ont apporté une contribution particulière, sans révolutions, en gérant le quotidien avec une ténacité ingénieuse et critique. Ainsi, pour les femmes consacrées, les tournants effectués sont le fruit de micro-processus, d’intuitions, de décisions, d’actions audacieuses, parfois silencieuses : de l’intelligence au centre du cœur où l’on se décide pour l’humain et pour Dieu. Avec légèreté. »

  • Cordier (Solène), « Homoparentalité : ces mères qui réclament leurs droits », Le Monde, nº 23010, 3 janvier 2019, p. 9.




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