Question sur les troubles spécifiques du langage et des apprentissages et parcours de soins

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 18 S (Q), 3 mai 2018

Antiste (Maurice), Question écrite nº 4778 à la ministre des solidarités et de la santé sur les troubles spécifiques du langage et des apprentissages et parcours de soins [Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Sénat », nº 18 S (Q), 3 mai 2018, pp. 2134-2135].

Maurice Antiste (© D.R.)

Maurice Antiste (© D.R.)

M. Maurice Antiste attire l’attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur les difficultés rencontrées par les personnes atteintes de troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA, dits communément troubles DYS) et leur famille.

Celles-ci vivent au quotidien un véritable calvaire : du repérage de ces troubles à l’accès à l’emploi, leur parcours est semé d’embûches en raison de la méconnaissance de ces troubles par les professionnels de la santé, de l’éducation, de l’emploi, mais aussi par le manque de structures et de professionnels compétents et disponibles sur tout le territoire.

En 2013, un groupe de travail de la commission nationale de la naissance et de la santé de l’enfant a constaté des difficultés d’organisation et de liens entre professionnels, et entre parents et professionnels, se traduisant par d’importantes disparités géographiques et socio-économiques, avec des ressources embouteillées, peu accessibles, ou méconnues. En vue d’améliorer la coordination des acteurs, cette commission a proposé une organisation du parcours de soins en trois niveaux. Or, à ce jour, la formation initiale des médecins pour dépister les troubles spécifiques du langage et des apprentissages permettant de poser un diagnostic (en niveau 1) est inexistante. Aucune spécialisation n’est reconnue pour assurer un diagnostic pour les cas complexes avec une coordination des soins (en niveau 2). Le constat est le même concernant la formation continue.

Ainsi, les équipes de diagnostic de proximité se révèlent impuissantes et peu nombreuses, d’où l’existence de situations intenables : les centres Médico-Psycho-Pédagogiques (CMPP) ne sont pas assez formés à ces troubles spécifiques, et leurs professionnels ont la plupart du temps un regard uniquement psychanalytique ; les réseaux de soins de niveau 2 sont en nombre très insuffisants et manquent cruellement de moyens ; les centres de référence des troubles du langage et des apprentissages (niveau 3) sont submergés, ce qui ne leur permet pas de remplir leur mission de formation et de soutien des professionnels de niveau 1 et 2 ; l’ouverture de service d’éducation spéciale et de soins à domicile (SESSAD) spécialisés dans ces troubles devrait être une priorité.

La conséquence directe est que de nombreux enfants ne sont pas dépistés par la médecine scolaire, en raison du manque de formation et d’effectifs, d’autant que les professionnels capables d’établir de tels bilans et de rééduquer (orthophonistes, ergothérapeutes, psychomotriciens, neuropsychologues) sont absents de nombreux territoires, les besoins inhérents se faisant ressentir avec l’allongement constant des listes d’attente.

Enfin, la non-prise en charge financière des bilans et des séances de rééducations en libéral (ergothérapie, psychomotricité, bilan neuropsychologique) provoque un reste à charge important pour les familles, ce qui constitue une rupture d’égalité des chances entre les individus.

Face à ces constats pourtant connus et dénoncés depuis de nombreuses années déjà, il souhaite savoir quelles mesures elle envisage pour faire en sorte que le parcours de santé soit réellement efficient et qu’il soit organisé autour de l’enfant et de ses troubles, et non pas en fonction des structures.


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