Le partage des tâches dans la famille : une transition inachevée ?

Cahiers de recherche sociologique

Les Cahiers de recherche sociologique lancent un appel de proposition sur la thématique « Le partage des tâches dans la famille : une transition inachevée ? » La date limite est fixée à la fin du mois d’août 2017.

Dans la majorité des sociétés occidentales, les femmes ont fait une entrée massive sur le marché du travail au cours de la seconde moitié du vingtième siècle. Cette entrée s’est produite de façon concomitante avec des changements démographiques majeurs qui ont bouleversé les dynamiques familiales. Notamment, le divorce est devenu plus prévalent, alors que la fécondité périclitait. Pour bien des démographes, économistes et sociologues de la famille contemporaine, les liens observés entre l’emploi rémunéré des femmes et les phénomènes démographiques s’expliquent entre autres par le fait que, bien que la croissance du travail rémunéré des femmes ait ébranlé la division sexuelle du travail, cette transformation des rôles sociaux de genre n’a été au final que partielle. Plus spécifiquement, alors que les femmes se sont engagées de manière de plus en plus soutenue dans le marché du travail depuis les années 1970, celles-ci n’ont pu se désengager de façon équivalente du travail domestique. Selon plusieurs, cette réalité a donné lieu au phénomène de la double journée et mené plusieurs femmes à se questionner sur l’incompatibilité de leurs rôles familiaux et professionnels.

Plus récemment, par contre, les démographes ont observé un certain relâchement des liens entre le niveau de participation des femmes sur le marché du travail, la fécondité, l’instabilité conjugale et les dynamiques familiales dans certaines sociétés occidentales. Par exemple, au sein de l’OCDE, ce sont maintenant les pays ayant les plus hauts taux de participation des femmes au marché du travail qui affichent les taux de fécondité les plus élevés. Plusieurs spécialistes ont émis l’hypothèse que cette transformation des liens entre comportements démographiques et travail rémunéré des femmes découle en partie de changements dans la division sexuelle du travail – soit d’une égalité croissante entre hommes et femmes dans la répartition des tâches domestiques et des responsabilités familiales.

Jusqu’à présent, toutefois, peu d’études ont cherché à évaluer la validité de cette hypothèse empiriquement. En effet, de nombreux ouvrages ont examiné les tendances dans le partage des tâches domestiques dans les pays occidentaux et certains ont révélé que ce partage tend effectivement à être plus égalitaire là où les femmes participent plus intensivement au marché du travail. Par contre, peu de travaux ont examiné si cette plus grande égalité de genre dans le partage des tâches domestiques a réellement des conséquences sur les dynamiques familiales et si ce phénomène contribue bel et bien à la transformation des liens entre comportements démographiques et travail rémunéré des femmes. Dans ce numéro thématique des Cahiers de recherche sociologique, nous proposons donc de réunir des contributions qui abordent ces questions, de façon à participer à la fois au développement de la sociologie de la famille et à celui des études sur les inégalités de genre. Spécifiquement, nous solliciterons des textes abordant à l’aide de méthodes d’analyse qualitatives et quantitatives des questions telles que : un engagement plus soutenu des femmes au sein du marché du travail tend-il à augmenter l’égalité de genre dans le partage des tâches domestiques ? Pourquoi ? Comment, par exemple, les politiques de conciliation travail-famille affectent-elles les liens entre participation des femmes au marché du travail et égalité de genre dans la répartition des tâches domestiques ? Une plus grande égalité de genre dans le partage des tâches domestiques tend-elle vraiment à influencer la fécondité ou la stabilité des couples ? Dans l’affirmative, comment cette influence s’explique-t-elle ? Nous invitons également des contributions explorant ces questions dans différents contextes culturels et socio-économiques et selon des approches comparatives. Par exemple, nous invitons des articles explorant les liens entre comportements démographiques, partage des tâches domestiques et travail rémunéré des femmes au sein des familles issues de l’immigration ou dans des pays où la participation féminine au marché du travail rémunéré n’en est encore qu’à ses débuts.

Consignes larges

  • Textes entre 50 000 et 60 000 signes (espaces, bibliographie et notes de bas de page compris).
  • Textes soumis à évaluation auprès de deux lecteurs sous la direction de la directrice de la revue.

Échéancier

  • Dépôt d’une proposition de texte fin août 2017 à Maude Pugliese (maude.pugliese@mail.mcgill.ca) avec copie à Shirley Roy (roy.shirley@uqam.ca), directrice des Cahiers de recherche sociologique.
  • Retour du Comité responsable : 15 septembre.
  • Dépôt des textes entre mi et fin janvier 2018.
  • Sortie du numéro au printemps (mai-juin 2018).

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