Comportements sexistes et violences envers les jeunes filles

Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Assemblée nationale », nº 8 AN (Q), 21 février 2017

Rabin (Monique), Question écrite nº 99240 à la ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes sur les comportements sexistes et les violences envers les jeunes filles (Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Assemblée nationale », nº 39 AN (Q), 27 septembre 2016, p. 8740).

Monique Rabin (© Franck Tomps)

Monique Rabin (© Franck Tomps)

Mme Monique Rabin attire l’attention de Mme la ministre des familles, de l’enfance et des droits des femmes sur la nécessité de lancer, à l’échelle nationale, une enquête quantitative ciblée sur les comportements sexistes et les violences envers les jeunes filles. En effet, les associations et experts ou expertes de terrain qui interviennent dans les établissements scolaires nous alertent sur les spécificités de ces violences et l’importance de conduire une action de sensibilisation ciblée qui corresponde aux moyens de communication actuels qu’utilisent les jeunes et permette véritablement de libérer leur parole. Or aucune étude approfondie au niveau national n’a été réalisée sur un public cible, de douze à vingt-cinq ans. Cette enquête pourrait s’inspirer de celle réalisée à l’échelle du département de Seine-Saint-Denis et qui a permis d’obtenir des conclusions particulièrement intéressantes. Est ainsi confirmé, pour le département, le fait que la violence subie avant seize ans multiplie par trois la probabilité d’être soit victime, soit auteur ou auteure de violences à l’âge adulte. Elle lui demande donc ses intentions sur cette question.


Réponse du Ministère des familles, de l’enfance et des droits des femmes publiée dans le Journal officiel de la République française, édition « Débats parlementaires – Assemblée nationale », nº 8 AN (Q), 21 février 2017, p. 1514.

Laurence Rossignol (© D.R.)

Laurence Rossignol (© D.R.)

La lutte contre les comportements sexistes et les violences constitue un axe d’intervention majeur du Gouvernement qui s’est traduit par le lancement du plan de mobilisation contre le sexisme le 8 septembre 2016 et l’adoption du cinquième plan de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux femmes 2017-2019. Ce dernier s’inscrit dans la continuité des dispositifs initiés par le quatrième plan de prévention et de lutte contre les violences (2014-2016) et vient amplifier l’action de l’État et des partenaires sur des publics encourant des risques spécifiques telles que les jeunes femmes victimes de violences. Différentes enquêtes en cours permettent de mieux rendre visibles les violences dont sont victimes ces jeunes filles. En premier lieu il ressort de l’enquête Violences et rapports de genre dite VIRAGE, réalisée par l’Institut national d’études démographiques (INED) et qui porte sur les violences subies tout au long de la vie et sur les douze derniers mois, qu’une femme sur sept et un homme sur vingt-cinq déclarent avoir vécu au moins une forme d’agression sexuelle (hors harcèlement et exhibition) au cours de leur vie. Parmi les victimes de viol et de tentative de viol, la moitié des femmes et les trois quarts des hommes l’ont été pour la première fois avant leur majorité, en premier lieu au sein de leur cercle familial ou proche. L’enquête complémentaire VIRAGE-Université réalisée par Internet en partenariat avec les observatoires de la vie étudiante viendra compléter l’analyse sur les violences subies par les jeunes étudiants. En direction des publics plus jeunes, le ministère de l’éducation nationale a lancé en 2014 la première enquête lycéenne de victimation et de climat scolaire, complétant l’enquête SIVIS qui permet de cerner les contours et les évolutions de la violence en milieu scolaire. Dans le champ plus précis du cybersexisme, le centre Hubertine Auclert a réalisé une étude auprès de douze établissements franciliens dont les résultats ont été présentés dans le cadre d’un colloque en septembre 2016. Face à ces violences et ces différentes formes, dix-sept actions sont prévues dans le cinquième plan pour mieux prendre en charge les jeunes femmes victimes de violences. Au-delà de la formation des professionnels en contact avec ce public (CROUS, intervenants de l’animation et du sport, acteurs des structures jeunesse…), il est notamment prévu le développement d’une application tchat du 3919 et la mobilisation des réseaux sociaux pour mieux informer les jeunes femmes victimes de violences sur les dispositifs d’écoute et d’orientation. Par ailleurs, les actions visant à prévenir les comportements sexistes, les violences sexuelles et à promouvoir le respect mutuel dès le plus jeune âge sont également renforcées.


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