Le féminisme et la démocratie ?

Jean Gabard (© D.R.)

Alors qu’il y a encore tant à faire pour que l’égalité en droits soit respectée, critiquer à la fois l’idéologie de la société patriarcale et une idéologie féministe égalitariste est une position qui n’est pas facile à défendre. Dans Le féminisme et ses dérives – Rendre un père à l’enfant-roi [1] et Materner ou éduquer – Refonder l’école, elle est cependant expliquée avec des arguments qui présentent une certaine logique. Alors que les détracteurs ne peuvent apporter de preuves de ce qu’ils appellent le « masculinisme » de l’auteur, il existe des preuves que le postulat fondant leur égalitarisme, qu’ils prennent, eux, pour une théorie scientifique, est totalement faux.

Si des personnes, cédant à la facilité et sans avoir lu les écrits, se contentent de répéter des impressions que peut laisser le titre du premier essai, Le féminisme et ses dérives, d’autres, des militants et même des universitaires, passionnés par le sujet, persuadés de détenir « La Vérité », classent toute personne critiquant leur idéologie, dans le camp des sexistes et des réactionnaires. Ceci leur donne bonne conscience de ne pas se poser de questions et d’interpréter des propos en leur faisant dire ce qui leur convient pour justifier leur condamnation.

C’est ainsi qu’Éric Debarbieux [2] se permet de parler de « brûlot [3] » à propos d’un livre qu’il n’a sans doute jamais lu. Mais si Éric Debarbieux imagine le livre, il cite au moins une présentation de conférence (qui n’a rien de polémique !) écrite par l’auteur.

Ce n’est pas le cas de Jean-Raphaël Bourge [4], chercheur à l’université Paris 8, qui écrit [5] :

Violence envers les femmes. Enjeux politiques, scientifiques et institutionnels

Ici, Jean-Raphaël Bourge (un chercheur prétendant lutter contre les interprétations fantaisistes et « l’imposture intellectuelle [6] »), qui n’a pas trouvé d’arguments pour justifier ses accusations, ne fait pas qu’interpréter des idées, mieux, il invente les phrases qu’il dit citer. Nulle part, en effet, ne se trouvent de telles phrases ni même des propos semblables dans Le féminisme et ses dérives – Du mâle dominant au père contesté, dans l’ensemble de mes écrits, dans mes conférences, dans mes interviews !

Une personne dont des écrits sont malhonnêtes et diffamatoires ne nuit-elle pas à l’ensemble des féministes même si elle prétend les défendre ? Peut-on, en effet, défendre les droits des femmes en ne respectant pas les Droits de l’Homme ?

Notes
  1. Le féminisme et ses dérives. Rendre un père à l’enfant-roi est la réédition en 2011 de Le féminisme et ses dérives. Du mâle dominant au père contesté publié en 2006.
  2. Éric Debarbieux a été choisi par le ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel, pour présider le conseil scientifique des États généraux de la sécurité à l’école. Enseignant en sciences de l’éducation à l’université Bordeaux II, il est également directeur de l’Observatoire international de la violence à l’école.
  3. Debarbieux (Éric), Les dix commandements contre la violence à l’école, Paris, Odile Jacob, 2008, p. 77.
  4. Jean-Raphaël Bourge, Doctorant en science politique à l’université Paris 8 (Laboratoire Théories du politique – LabTop Université Paris 8). Spécialiste notamment des questions de genre et sexualités.
  5. Collectif, Violence envers les femmes. Enjeux politiques, scientifiques et institutionnels. Actes du colloque 26 février 2013, Paris, Centre Hubertine Auclert, 2013, p. 70.
  6. À propos des lectures féministes faites par les « masculinistes » (dont je ferais partie), Jean-Raphaël Bourge écrit : « force est de constater que cette interprétation est au mieux fantaisiste et, au pire, relève de l’imposture intellectuelle » (« SOS Papa et autres masculinistes : l’antiféminisme comme raison d’être », L’OBS Le Plus, 25 février 2013).

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