La fin de vie, SOS PAPA et le Sénat

Communiqué de presse de SOS PAPA

SOS PAPA

SOS PAPA salue le comportement, aussi rare qu’il est souhaité par la majorité de la population française, que les députés et sénateurs de toutes tendances soient parvenus à un consensus sur ce sujet de société.

SOS PAPA appelle les mêmes parlementaires à une démarche consensuelle et similaire pour un autre sujet de société (ni de gauche ni de droite…) qui jusqu’à présent retire la vie à un millier de pères chaque année [1].

Il s’agit de la terrible discrimination systémique qui frappe les pères quant au lien avec leurs enfants en cas de séparation (statistique 2013 du ministère de la Justice).

Étant rappelé que l’article 373-2-7 du code civil permet au juge de ne pas homologuer un accord des parents de résidence alternée (nommée hébergement égalitaire dans le code civil belge), celle-ci a été accordée aux pères qui la demandaient dans 1429 cas sur 1429 où la mère y consentait (tableau nº 9, page 19) : 0 % de rejet ! Quand les mères s’y opposent (tableau nº 15, page 27) : 75,4 % de rejet ! La situation inverse se produit huit fois moins souvent. L’étude n’ayant pris en compte que les décisions de première instance, les 25 % d’acceptation sont très certainement rognés dans des proportions similaires par les cours d’appel, de sorte que le taux final de rejet doit être plus proche de 90 %. Selon de multiples sondages, 85 % de la population déplore cette situation, qui toucherait de plus ou moins près la quasi totalité des familles.

Seul un aménagement de la Loi Famille de juin 2014 garantissant le principe de l’égalité parentale pourra y remédier. Ce texte devrait venir prochainement devant le Sénat.

Jean Latizeau, Président de SOS PAPA

Note

1. Plan Violence-Santé/Ministère de la Santé de 2005 (Docteur Anne Tursz), page 71 : « La magistrate du Sud-Ouest renforce ce constat […]. Elle estime à une soixantaine le nombre de suicides parentaux sur environ 8 000 procédures, soit un cas sur cent trente (ce qui est une prévalence les plus élevées qu’on puisse trouver…), très majoritairement des pères, mais dont quelques femmes. Elle précise que beaucoup ne sont pas comptabilisés, par exemple lorsque les affaires sont radiées car l’autre parent est introuvable. » Sachant qu’il y a chaque année environ 150 000 séparations avec enfants mineurs, on calcule facilement : (150 000/8 000) × 60 = 1 225, « très majoritairement de pères ».
Donc 1 000 est tout à fait valide, et même un minimum.

Commentaire de P@ternet

Bien que souvent l’envie nous en prenne, il n’est pas dans nos habitudes de critiquer la communication des associations ou individus œuvrant d’une façon ou d’une autre à la défense de la paternité. Il nous paraît cependant ici nécessaire de commenter le texte de ce communiqué et, de façon plus générale, la communication de l’actuel président de l’association SOS PAPA. Raconter n’importe quoi n’importe comment est rarement utile à la défense d’une cause, quelle qu’elle soit.

Passons rapidement sur la forme : outre son orthographe et sa syntaxe laborieuses qui nous obligent systématiquement à procéder à un minimum de rewriting pour conserver une certaine cohérence éditoriale à notre site, il conviendrait que l’actuel président de la plus grande association de défense des pères séparés de leurs enfants fasse également l’effort d’apprendre à composer des textes conformément aux règles les plus élémentaires de la typographie française, d’une part, à diffuser correctement des communiqués « propres », d’autre part. Sur ce dernier point, nous nous demandons depuis longtemps quel peut être l’intérêt de diffuser un communiqué de presse officiel depuis un autre domaine que sospapa.net. À tout le moins, que l’actuel président de l’association SOS PAPA apprenne à déléguer ces tâches à d’autres, plus compétents.

Cela dit, notre commentaire vise un sujet récurrent dans la communication de l’actuel président de l’association SOS PAPA : le suicide des pères. Toujours très approximatif dans ses sources, l’actuel président de l’association SOS PAPA cite un « Plan Violence-Santé/Ministère de la Santé de 2005 (Docteur Anne Tursz) », parfois présenté comme un « rapport ministériel ». Il s’agit en fait des « Travaux préparatoires à l’élaboration du Plan Violence et Santé en application de la loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004 », dirigés par le docteur Anne Tursz et publiés en 2005. Ces travaux préparatoires avaient été menés par un comité d’orientation interministériel, composé de six commissions de travail thématiques chargées d’étudier les relations entre la violence et la santé et d’élaborer des propositions d’actions et de solutions. Les thèmes suivants avaient été abordés : périnatalité, enfants et adolescents ; personnes âgées et personnes handicapées ; genre et violence ; institutions, organisations et violence ; violence et santé mentale ; violence, travail, emploi, santé.

Éric Verdier (© D.R.)

Éric Verdier (© D.R.)

C’est dans l’une des annexes au rapport général (annexe 4, section D, pp. 68-74 ; également pp. 181-188 du rapport de synthèse) qu’on peut lire une communication du psychologue Éric Verdier, intitulée « Suicide et exclusion parentale », et faite initialement au troisième congrès international francophone de prévention du suicide (Poitiers, 13-17 décembre 2004). Il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici, aux moins pour les plus jeunes de nos lecteurs, qu’Éric Verdier est « bien connu de nos services ». Chercheur, psychologue et psychothérapeute, ancien co-président de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, il a fondé et présidé l’association Coparentalité avec laquelle il a participé à nombre de nos combats. On trouvera plus bas quelques articles de référence qui permettront de mieux connaître le personnage.

Dans la communication sus-citée, Éric Verdier rend compte d’une enquête menée par l’association Coparentalité auprès de tous les présidents de cours d’appel et de tribunaux de grande instance en France, soit un peu plus de deux cents personnes. Sept réponses ont été reçues en six mois d’enquête… Et voici ce que cela donne, quand on veut bien prendre la peine de lire à la source :

Travaux préparatoires à l’élaboration du Plan Violence et Santé« Un magistrat, président d’un TGI de l’Ouest de la France, répond très succinctement qu’il n’a eu connaissance d’aucun suicide en trois ans d’exercice. Deux magistrats, tous deux de deux villes de l’Est de la France, disent n’avoir jamais été confrontés à une tentative de suicide d’un parent. […]

« Un troisième magistrat, de l’Est également et juge aux Affaires familiales, dit n’avoir été confronté qu’une seule fois en deux ans au suicide d’un parent, lié directement à une procédure devant le JAF. […]

« [Une] vice-présidente d’un TGI du Sud-Ouest dit elle aussi avoir peu d’informations sur les décès de parents, ni même s’il s’agit d’un suicide, et donc encore moins sur les raisons d’un suicide éventuel. Mais elle se rappelle avoir été confrontée à trois suicides, deux concernant des femmes à “l’état psychologique fragile”, et un troisième où un père avait attenté à ses jours alors qu’il se trouvait confronté à l’obligation de prendre en charge ses enfants. […]

« [Un magistrat du Sud-Est de la France] précise que ce sont plutôt les parquets qui sont confrontés à un suicide, la plupart intervenant au moment de la séparation, avant que le JAF n’ait eu à intervenir. Il indique avoir été confronté une cinquantaine de fois à un suicide en trente ans de carrière, dont un nombre important dans un cadre familial et motivés par une rupture parentale. […]

« [Une] magistrate du Sud-Ouest renforce ce constat, tout en insistant également sur le fait que la plupart des passages à l’acte suicidaire sont antérieurs à la comparution devant le JAF. Elle estime à une soixantaine le nombre de suicides parentaux sur environ 8 000 procédures, soit un cas sur cent trente (ce qui est une prévalence les plus élevées qu’on puisse trouver…), très majoritairement des pères, mais dont quelques femmes. »

Outre que cette enquête a été diligentée par une association dédiée à la coparentalité, il n’est sans doute pas inutile de préciser que les sept magistrats ayant bien y voulu répondre ont été clairement identifiés comme « soucieux de préserver le principe de coparentalité » et favorables à la résidence alternée, donc peu suspects de vouloir minorer le phénomène du suicide des pères…

En tout état de cause, les nombres de 1 000 ou 1 225 suicides de pères de famille chaque année avancés par l’actuel président de l’association SOS PAPA sont basés sur une seule « estimation » faite par une seule magistrate… Nous ne saurions trop recommander à l’actuel président de l’association SOS PAPA de faire montre d’un peu plus de sérieux à l’avenir.

Pour en savoir davantage sur Éric Verdier (sélection bibliographique)

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