Sommes-nous toujours en démocratie ?

Jean Gabard (© D.R.)

Intéressé depuis très longtemps par les questions liées à l’enfance (j’étais enseignant), je me suis permis d’écrire un essai [1] sur les dérives d’idéologies féministes (notamment la « théorie du genre ») et sur les conséquences de celles-ci sur l’éducation des enfants. Ce livre aurait pu d’ailleurs s’appeler La démocratie et ses dérives si les mouvements féministes ne l’avait fait progresser en accordant aux femmes les mêmes droits qu’aux hommes.

J’anime aussi des conférences-débats sur le féminisme, sur les relations hommes/femmes, sur l’éducation des enfants et notamment sur la place des pères et des mères pour faire intégrer les limites.

C’est sur ce thème d’actualité que je suis intervenu le 27 mai 2011 au Café des Parents à Banyuls.

Et c’est à Banyuls que j’ai appris que des personnes, profitant de leurs fonctions au Conseil général des Pyrénées-Orientales, avaient exercé des pressions sur l’association organisatrice de la conférence afin que celle-ci soit annulée !…

Il se peut que sur l’éducation des enfants et les relations hommes/femmes je développe des points de vue qui diffèrent de la pensée dominante actuelle. Est-ce pour autant un crime ou une atteinte à l’ordre public ?

Pour pouvoir vraiment débattre, il semble pourtant souhaitable que plusieurs hypothèses puissent être présentées.

La confrontation d’idées et d’expériences n’a de plus jamais paru autant nécessaire pour faire avancer la réflexion dans ces domaines qui préoccupent de plus en plus d’hommes et de femmes.

Sur ces questions d’actualité, des militants féministes peuvent-ils prétendre, comme des intégristes, détenir « La Vérité » et ainsi justifier rien de moins qu’un abus de pouvoir, une discrimination et la diffamation d’une personne qui ne pense pas comme eux ?

Abus de pouvoir

Le Conseil général a bien évidemment un droit de regard sur les animations qu’il subventionne avec l’argent des contribuables. Ne serait-on pas, cependant, davantage en démocratie si le jugement était donné après examen et réflexion par des personnes qui ne profitent pas de leurs pouvoirs pour régler des comptes et défendre les intérêts de leur mouvement (dans ce cas, s’il n’y avait pas eu un manque de neutralité, il faudrait alors parler d’incompétence) ?

Discrimination

Le Conseil général a certes des choix à faire.

Ne serait-on pas, cependant, davantage dans la défense de la liberté et de l’égalité en droits s’il n’y avait pas eu élimination d’une personne à raison de ses points de vue ?

Diffamation

Les comportements et les paroles racistes ou sexistes doivent être condamnés, sont condamnés et pourraient certainement l’être encore davantage.

Ne serait-on pas cependant plus dans la justice si les propos reprochés avaient été effectivement tenus et non inventés pour disqualifier la personne avec laquelle on ne partage pas les mêmes visions ?

Il suffit en effet, sans même lire la quatrième de couverture de mon essai, de regarder le sous-titre pour comprendre que je ne suis ni misogyne, ni antiféministe, encore moins sexiste et réactionnaire, voir « lepéniste » comme certains essaient de le faire croire pour me discréditer. Aucun de mes détracteurs n’a d’ailleurs pu, à ce jour, répondre à ma demande et trouver dans mes écrits ou mes prises de parole des propos qui montreraient que je le suis. Si je l’étais, mes positions auraient-elles pu être supportées à l’Hôpital universitaire de Genève, à Villabé par les 600 adhérents de l’Université du Temps Libre de l’Essonne, dans les multiples associations familiales, centres sociaux, relais d’assistantes maternelles… en France, en Suisse ou en Belgique… pour lesquels j’ai animé des conférences-débats ?

Mon discours n’est ni « polémique » ni « inconsistant ». Mes interventions, qui intéressent aussi bien les novices que les connaisseurs, s’appuient sur les travaux de nombreux spécialistes (Lacan, Dolto, Boris Cyrulnik, Claude Halmos, Évelyne Sullerot…). Madame Michèle Martignon, l’actuelle présidente de l’Université du Temps Libre de l’Essonne, le confirme d’ailleurs dans son rapport : « Les adhérents [de l’Université du Temps Libre de l’Essonne] compétents de par leur formation en psychologie ont certifié que les théories qu’avance M. Gabard sont parfaitement validées par les milieux autorisés » (d’autres commentaires sont visibles sur mon blog).

Mes positions sur le sexisme, sur la société patriarcale traditionnelle, sont aussi clairement exposées dans mon essai (par exemple pp. 42, 45, 54, 78, 125, 134… [2]). Les risques populistes, sécuritaires, autoritaires, font même partie de mes préoccupations (par exemple pp. 97, 151… [2]).

Des personnes peuvent, certes, trouver mon discours original et « décoiffant », et sont interpellées. En effet, je ne pratique pas la séduction ni la « langue de bois ». Les organisateurs qui m’invitent, partageant ma philosophie ou non, me disent apprécier les débats qui suivent ma présentation et qui peuvent parfois se prolonger entre les participants plusieurs jours après les interventions.

Ces organisateurs seraient-ils aussi à classer dans « l’axe du mal » parce qu’ils font preuve d’ouverture et osent se poser des questions sur l’éducation des enfants, sur les relations hommes/femmes aujourd’hui… ?

Il suffirait que mes accusateurs les interrogent (la liste et les coordonnées sont dans mon blog), s’ils ne veulent pas croire les commentaires que je cite, ni lire mon livre ou venir écouter les conférences. Auraient-ils peur de devoir éventuellement revoir leur jugement ?

S’exprimer sur des sujets aussi sensibles expose aux attaques. Celles-ci peuvent être très utiles et permettre de progresser. Sont-elles cependant acceptables quand elles sont prononcées sur des propos qui n’ont jamais été tenus ?

Ces militants passionnés qui ne supportent pas que l’on puisse associer le mot « dérive » à féminisme ne devraient-ils pas pourtant se rendre compte qu’ils prêtent le flanc à la critique en faisant de la « théorie du genre », qui n’est en fait qu’un postulat, une idéologie qui devrait s’imposer à tous ?

Ne devraient-ils pas alors se demander s’ils sont vraiment dans une attitude démocratique quand ils condamnent un conférencier en le calomniant pour l’empêcher de faire son travail dans le cadre de l’aide à la parentalité ?

N’y a-t-il pas déjà des raisons de parler de dérive ?

Notes
  1. Le féminisme et ses dérives – Du mâle dominant au père contesté, Paris, Les Éditions de Paris, 2006. Le livre n’est plus disponible en ce moment. Il est épuisé et en réédition. Il sortira en librairie le 3 novembre 2011 avec un changement de sous-titre : ce n’est plus Le féminisme et ses dérives – Du mâle dominant au père contesté mais Le féminisme et ses dérives – Rendre un père à l’enfant-roi.
  2. Ces extraits sont visibles dans mon blog.

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