L’affaire de Cestas (J+2)

Cestas

À l’église

Église Saint-Bruno de Bordeaux (© D.R.)

Église Saint-Bruno de Bordeaux (© D.R.)

Les obsèques d’Aline et Francis Fourquet se sont déroulées ce matin en l’église Saint-Bruno de Bordeaux. Malgré l’extrême discrétion qui avait entouré leur organisation et l’heure matinale à laquelle elles avaient été fixées, plus de quatre cents personnes sont venues.

On reconnaissait dans l’assistance de nombreuses personnes rencontrées durant la semaine dernière près de la maison d’André Fourquet : habitants et pompiers de la région, un gendarme en civil venu à titre personnel, ainsi que le conseiller général, le maire de Cestas, Alphonse Lafont, et le curé de la paroisse, l’abbé Étienne Damoran.

Avant même l’arrivée des deux petits cercueils à huit heures, des dizaines de bouquets anonymes avaient été déposés à l’entrée de la nef, avec de nombreuses gerbes d’œillets blancs, dont on recouvrit les cercueils déposés côte à côte. Une couronne venait de la grand-mère des petites victimes, une autre des enfants des écoles de Cestas. Le docteur Arnaud avait envoyé des œillets et des roses avec ces mots : « Le docteur à ses petits amis Aline et Francis ». Faite également de roses et d’œillets blancs, la plus grande gerbe, la plus belle, celle qui exprimait sans doute le plus profondément l’écho douloureux que le drame de Cestas a suscité dans la population, portait cette inscription : « De la part de deux petites filles qui ne veulent pas non plus quitter leur papa. Brigitte et Catherine ».

Micheline Berton, la mère des enfants, est entrée par une porte latérale, avec Simone Bigueries, la sœur d’André Fourquet. Elle est allée se placer très vite au premier rang de la nef, détournant son visage sous ses voiles de deuil, essayant d’éviter les objectifs des cameramen et photographes qui avaient envahi l’église. Isolée de l’assistance par trois rangs de chaises vides où personne n’a voulu s’asseoir, elle a assisté à la cérémonie entourée de sa sœur et de sa belle-sœur.

Micheline Berton aux obsèques de ses enfants (© D.R.)

© D.R.

 

Du haut de l’autel, immobile, le curé de la paroisse a attendu quelques minutes avant de demander que cessent le crépitement et les éclairs des flashes des photographes. Sans doute une des plus tristes de Bordeaux, l’église a retrouvé sa froide pénombre. Aucun vitrail n’éclairait la nef, et de hautes percées filtraient la pâle lueur de l’aube. Seul l’autel était illuminé, avec sa décoration baroque et ses statues, sous un grand crucifix voilé en ce premier jour de carême.

Ayant réussi à calmer quelque peu l’agitation des photographes, le prêtre a commencé la célébration. Dans la nef, les fidèles bouleversés lui répondaient avec peine. On percevait surtout les voix des enfants de l’institution religieuse où travaille la jeune Chantal, la fille aînée d’André Fourquet, qui n’était d’ailleurs pas présente.

La cérémonie religieuse a été brève, seule une absoute ayant été célébrée, sans messe. Tout a été terminé en vingt minutes. Micheline Berton a disparu dans la sacristie. Les cercueils ont été ramenés vers le fourgon funéraire qui attendait devant le porche.

Alors que le fourgon s’éloignait, Micheline Berton est sortie avec sa famille par une porte du presbytère pour éviter la foule. Mais une trentaine de personnes, parmi lesquelles de nombreuses femmes qui avaient assisté à la cérémonie ou qui venaient d’accompagner leurs enfants à l’école toute proche, l’ont reconnue lorsqu’elle est montée dans une voiture immatriculée à Paris. Des cris hostiles ont retenti, des poings se sont levés, un coup a frappé la vitre du véhicule lorsqu’il a démarré. La police bordelaise, qui se tenait discrètement devant le porche, n’a pas eu à intervenir : l’incident s’est terminé avec le départ de l’automobile pour le cimetière.

Micheline Berton prise à partie après les obsèques de ses enfants (© D.R.)

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Au cimetière

D’autres incidents ont troublé l’inhumation des deux petites victimes. Devant l’entrée principale du cimetière Nord de Bordeaux, des gardiens municipaux ont invité, poliment mais fermement, les nombreux cameramen et photographes à déposer leurs appareils, toute prise de vue étant interdite à l’intérieur. Une bousculade s’est produite, quelques propos sans aménité ont été échangés, mais l’intervention d’un commissaire et de quelques inspecteurs de police a rapidement permis de rétablir l’ordre.

Un peu plus tard, à l’intérieur même du cimetière, quelques femmes ont insulté celle qu’elles prenaient pour Micheline Berton : « C’est un scandale ! Elle les a laissés mourir ! » Il s’agissait en fait de la tante des enfants, la mère ayant été, semble-t-il, prise d’un malaise à la sortie de l’église et n’étant pas encore présente au cimetière.

Le recueillement a quand même été total et l’émotion générale lorsque les deux cercueils ont été doucement descendus au fond des deux fosses fraîchement creusées. Quelques minutes plus tard, les deux petites tombes disparaissaient sous un parterre de fleurs blanches.

Micheline Berton au cimetière de Bordeaux (© D.R.)

© D.R.

 

Une nouvelle bousculade confuse s’est produite lorsque Micheline Berton, protégée par les gardiens du cimetière qui l’entouraient, a été conduite par eux jusque dans le bâtiment où se trouvent la loge du concierge et le bureau du conservateur. Dans un emportement extraordinaire, une quinzaine de femmes ont proféré les plus grossières injures à l’adresse de Micheline Berton et se sont précipitées autour des fenêtres, brandissant le poing et multipliant les insultes. Plusieurs d’entre elles ont réussi à grimper sur le rebord d’une fenêtre dont elle ont brisé les carreaux à coups de talons.

Les Érinyes au cimetière de Bordeaux (© D.R.)

© D.R.

 

Il a fallu l’intervention de trois fourgons de police et de plusieurs inspecteurs de la Sûreté pour faire reculer les Érinyes et permettre à Micheline Berton de gagner une voiture de police à bord de laquelle elle a quitté les lieux. Une des manifestantes a été appréhendée.

Micheline Berton au cimetière sous protection policière (© D.R.)

© D.R.

 

Au Conseil des ministres

Joël Le Theule (© D.R.)

© D.R.

En réponse à une question qui lui était posée, le secrétaire d’État chargé de l’Information, Joël Le Theule, a déclaré que le drame de Cestas n’avait pas été évoqué au Conseil des ministres de ce matin, qui n’avait pas à en discuter puisque l’affaire appartient au pouvoir judiciaire. « Cependant, a déclaré Joël Le Theule, tous les ministres en parlent entre eux. C’est en effet une affaire lamentable par ses conséquences, puisqu’elle a entraîné la mort de deux enfants. »

Parlant à titre personnel, Joël Le Theule a affirmé que la procédure pour le divorce et la garde des enfants avait été respectée : « S’il y a une Cour d’appel en France où l’on fait particulièrement attention, a-t-il précisé, c’est la cour d’appel de Bordeaux. Toutes les décisions prises successivement dans le domaine de la non-conciliation, du divorce, de la garde d’enfants, ont été prises avec beaucoup de précaution. Dans le domaine judiciaire, tout s’est déroulé de façon normale. »

Joël Le Theule a ajouté que « jamais aucun psychiatre n’avait pris contact avec les autorités judiciaires, que ce soit à Bordeaux, ou avec la Chancellerie à Paris, ou encore avec la gendarmerie. À partir du moment où le mandat d’amener a été donné par le juge d’instruction — certainement en liaison avec le Parquet – la gendarmerie était maîtresse des modalités d’exécution. La méthode qui a été choisie pouvait laisser penser qu’elle serait bonne. » Joël Le Theule pense que des précisions seront données prochainement.

Au parlement

Enfin, quatre parlementaires (trois députés et un sénateur) ont posé de nouvelles questions écrites à différents ministres.

André Collière (© Assemblée nationale)

© Assemblée nationale

Député UDR de la troisième circonscription de l’Hérault, André Collière met en cause la « publicité malsaine » faite à l’événement par les journalistes de l’O.R.T.F. :

Collière (André), Question écrite nº 4186 au Premier ministre sur le rôle des journalistes de l’O.R.T.F. à l’occasion du drame de Cestas, 19 février 1969.

Marie-Thérèse Goutmann (© D.R.)

© D.R.

Sénatrice communiste de la Seine-Saint-Denis, Marie-Thérèse Goutmann interpelle également le secrétaire d’État chargé de l’information sur « la publicité tapageuse, et pour le moins malsaine » faite autour du drame de Cestas. Elle demande par ailleurs au ministre de l’intérieur des éclaircissements sur les conditions du dénouement de l’affaire :

Nicole de Hauteclocque (© D.R.)

© D.R.

Députée UDR de la dix-huitième circonscription de Paris, Nicole de Hauteclocque demande au ministre de la justice de faire connaître publiquement les autorités qui ont pris la responsabilité de l’assaut final et les raisons pour lesquelles elles ont cru devoir le faire :

Maurice Nilès (© D.R.)

© D.R.

Député communiste de la Seine-Saint-Denis, Maurice Nilès interroge également le ministre de la justice sur l’action de la gendarmerie à Cestas :

 

Revue de presse – France

Combat, nº 7652, 19/02/1969, p. 1Combat (nº 7652) publie un article intitulé : « Cestas : on attend les explications officielles ».


Logo France Inter 1967Douze sujets sont traités au journal radiophonique de 20 h 00 sur France Inter, présenté par Yves Mourousi. Commentée par Ronald Saint-Sauveur, l’affaire de Cestas est remontée à la huitième place. Outre la réaction de Joël Le Theule à l’issue du Conseil des ministres, mention est faite d’un communiqué diffusé par le Syndicat de la magistrature.


France-Soir, 19/02/1969, p. 1France-Soir, 19/02/1969, p. 1

France-Soir consacre à l’affaire la moitié de sa une, illustrée par une photographie de Micheline Berton. La manchette met d’ailleurs icelle en vedette : « Cestas : terrible remords de la mère “J’aurais pu les sauver” » – le « remords » de la huitième édition devient un « aveu » dans l’édition « Dernière heure ». On apprend que « Micheline (37 ans) s’est effondrée hier soir », le lendemain donc du décès d’Aline et Francis. Moins tardifs dans leurs sentiments, « les Français bouleversés s’interrogent sur les moyens employés et les responsabilités en jeu ».


Le Monde, nº 7498, 20 février 1969, p. 1Le Monde (nº 7498, daté du 20 février 1969) publie un article de Jean-Maurice Mercier, envoyé spécial à Bordeaux, intitulé « La terrible logique d’une passion », ainsi qu’une tribune de Ménie Grégoire et un communiqué du Syndicat de la magistrature.


La Nouvelle République du Centre-Ouest, nº 7428, 19/02/1969, p. 1La Nouvelle République du Centre-Ouest (nº 7428) publie à la une un article intitulé « Cestas : le fonctionnement de la justice mis en cause ».


Le Parisien libéré, nº 7612, 19/02/1969, p. 1La folie occupe la une du Parisien libéré (nº 7612), dont la manchette affirme : « Fourquet était un fou en “liberté surveillée” ». L’efficacité de la surveillance laisse pour le moins dubitatif…


Paris Jour, nº 2935, 19/02/1969, p. 1À la une de Paris Jour (nº 2935), un encadré est intitulé « Cestas : les oncles des enfants morts accusent ».


La République des Pyrénées, nº 7454, 19/02/1969, p. 1La une de La République des Pyrénées (nº 7454) affiche un gros titre : « Le maire de Cestas accuse : “La tragédie aurait pu être évitée si l’on avait agi avec patience et dans la discrétion” ». Se poursuivant sur quatre colonnes de la page 13, un long article recense la plupart des réactions à « l’issue tragique de l’affaire du forcené de Cestas ».


Sud-Ouest, nº 7615, 19/02/1969, p. 1À la une du grand quotidien régional Sud-Ouest (nº 7615), trois phrases dans un encadré résument bien le ton de l’actualité :

« Cestas : une affaire nationale

« Nouvelles questions au gouvernement

« Des centaines de lecteurs ont écrit à “Sud-Ouest »

La page 18 est entièrement consacrée au drame. Outre des billets de François Rivière et Jean-Claude Guillebaud, on peut lire un article intéressant du chroniqueur judiciaire Jean Delion affirmant que « la tragédie du “Sayet” pose le problème de la création d’une véritable “justice familiale” », une revue des grands titres de la presse française, ainsi qu’un copieux échantillon de l’« avalanche de lettres » reçues à la rédaction du journal. La critique de l’assaut donné par la gendarmerie est unanime et on sent un fort courant de sympathie à l’égard d’André Fourquet. Sud-Ouest ne nous en autorise malheureusement pas la reproduction ici…

 

Revue de presse – Espagne

Barcelona

La Vanguardia española, nº 31946, 19/02/1969, p. 1La Vanguardia española (nº 31946), quotidien espagnol édité à Barcelona, publie à la page 3 une photographie de l’ambulance venue chercher les corps d’André Fourquet et ses enfants.

La Vanguardia española, nº 31946, 19/02/1969, p. 3

Traduction P@ternet

« L’issue tragique du siège de la ferme de Cestas

« Une ambulance transporte les corps d’André Fourquet, le retranché de la ferme de Cestas (Bordeaux), et ceux de ses enfants – Francis, tué par son propre père, et Aline, qui a été gravement blessée –, peu de temps après l’issue tragique du siège qui a duré quinze jours »

 

Revue de presse – Italie

Torino

La Stampa, nº 41, 19/02/1969, p. 1La Stampa (nº 41), l’un des quotidiens italiens les plus diffusés, édité à Torino, dans le nord de l’Italie, publie un article de son correspondant parisien, Loris Mannucci, à la page 11.

Traduction P@ternet

« Pouvait-on éviter le massacre de Bordeaux ?

« Procès de la police en France

« Profonde émotion dans tout le pays suscitée par le fou qui a tué deux enfants et s’est suicidé – De Gaulle convoque le ministre de la Justice – Les autorités ne croyaient pas aux menaces de l’homme (assiégé pendant 17 jours) – Pas de tentatives pour le capturer vivant

« (Notre service particulier)

« Paris, le 18 février

« Le général de Gaulle a reçu aujourd’hui le ministre de la Justice, René Capitant, qui a récupéré ses fonctions il y a deux jours après une période de maladie et est aux prises avec une campagne contre son ministère, causée par la tragédie de Cestas : deux enfants et leur père ont été tués parce que les autorités ont ordonné l’assaut de la maison où ils étaient retranchés. L’homme (assiégé pendant 17 jours) avait menacé de tuer les enfants et de se suicider ensuite si la police essayait d’entrer par la force, mais les autorités n’ont pas tenu compte de la menace.

« Cette attitude a soulevé une vague d’indignation dans le pays, et même dans la majorité gaulliste les critiques ne manquent pas. Mme Nicole de Hautecloque a demandé au ministre de la Justice de “d’éclairer l’opinion en faisant connaître publiquement les autorités qui ont pris la responsabilité de l’assaut de la maison et les raisons qui les ont amenées à le faire.”

« Les journaux ont fait écho à l’indignation générale, affirmant qu’il y avait plusieurs moyens de réduire le père à l’impuissance au lieu de donner un assaut dont les conséquences étaient prévisibles. Il y avait, en fait, un médecin, une ambulance, et un prêtre qui a récité la prière pour les mourants pendant que les gendarmes donnaient l’assaut. De nombreux psychiatres pensent que si l’un d’entre eux, ayant l’habitude de traiter avec certains patients, avait été envoyé pour parler à Fourquet, il aurait probablement réussi à le convaincre que la reddition était la meilleure solution. On a aussi indiqué, entre autres choses, qu’il était possible d’utiliser un gaz qui paralyse.

« Cependant, la gendarmerie a précisé qu’elle n’était pas équipée de ce gaz, et, quant aux autres méthodes, comme on dit aujourd’hui, qui auraient pu être utilisées, elle a rétorqué : un “commando” pour capturer Fourquet n’était pas possible parce que la maison était isolée et que l’assiégé l’aurait vu. Un somnifère versé dans le lait ? Fourquet était suspicieux et l’aurait remarqué. Un tireur d’élite pour abattre Fourquet de loin ? On doit être en état de légitime défense pour tirer sur quelqu’un et un gendarme ne peut pas abattre un homme froidement.

« Ces arguments ne sont pas convaincants, et il est certain qu’une grosse erreur a été commise par l’envoi sur le site d’une ambulance au lieu d’un hélicoptère pour transporter les victimes à l’hôpital. Un hélicoptère aurait permis de gagner plus d’une heure, et il aurait pu aider à sauver au moins l’un des deux enfants.

« Plus qu’aux gendarmes, qui ont obéi à un ordre, et pleuraient lundi matin devant les trois victimes, la responsabilité est attribuée à la justice. Non seulement à celui qui a ordonné l’assaut de la maison, mais aussi à celui qui, en prononçant le divorce des époux Fourquet, a donné la garde des trois enfants à la mère, prononçant un jugement qui, au cours des derniers jours, a été trouvé injuste. Injustice, en fait, qui a provoqué la révolte du père. Et aujourd’hui de nombreuses voix s’élèvent pour inviter les juges à être prudents dans leurs décisions.

« La mère des enfants a maintenant finalement réalisé qu’elle n’avait pas assumé ses devoirs ces derniers jours. Elle l’a reconnu en parlant à sa mère : “Je pense que j’ai manqué de courage – a-t-elle dit – j’ai tergiversé pour sauver mes enfants. J’aurais dû aller voir mon mari ; peut-être m’aurait-il tuée, mais Aline et Francis seraient vivants.

« Loris Mannucci »


Roma

L’Unità, nº 48, 19/02/1969, p. 1L’Unità (nº 48), organe officiel du Parti communiste italien, édité à Rome, publie une correspondance de Paris, illustrée de trois photographies d’André Fourquet, Micheline Berton et leurs enfants, en page 5.

Traduction P@ternet

« LE MASSACRE DU DÉMENT A CHOQUÉ LA FRANCE

« Une enquête sur la police est demandée

« PARIS, 18.

« Le drame de Cestas, le petit village près de Bordeaux où un homme a tué deux enfants et lui-même lorsque les policiers se sont lancés à l’assaut de sa maison après dix-sept jours de siège, a vivement ému et indigné l’opinion publique française. Dans les bars, dans les magasins, dans les autobus, dans les rues de Paris, les gens parlent de “l’affaire Fourquet”. La presse a consacré au sujet ses premières pages, des éditoriaux, des enquêtes, des correspondances. Le Parlement a lui aussi été saisi par l’émotion : interrogations et questions ont été présentées par des politiciens de tous bords. Un groupe de sénateurs a demandé une enquête. La Ligue des droits de l’homme a demandé la publication d’un livre blanc pour établir les responsabilités. Le Mouvement communautaire française, qui compte parmi ses dirigeants l’universitaire Jean Rostand et le lauréat français du prix Nobel Alfred Kastler, a publié une déclaration dans laquelle il parle de “scandale” et appelle à la démission du garde des sceaux ainsi qu’à des sanctions contre les responsables d’une “opération funeste menée au nom du peuple français”.

« La conviction générale est que tout n’a pas été tenté pour empêcher la tragédie. Alors que Fourquet avait accepté de recevoir journalistes et photographes, on se demande pourquoi n’a-t-on pas essayé de surmonter sa résistance par la ruse ? Pourquoi n’a-t-on pas fait appel à l’aide d’un psychiatre ? Des négociations et des pourparlers étaient en cours. Par qui a été donné l’ordre qui a détruit en quelques minutes de laborieuses négociations qui avaient duré 17 jours ?

« La vérité, dit France-Soir dans un article, est que “l’homme de loi” a davantage été préoccupé par le criminel que par les innocents, avec l’inclination naturelle de ceux qui considèrent que la justice est davantage faite pour manier la trique que la balance.

« Sur les photos : à droite les deux enfants tués par Fourquet ; à gauche le fou et sa femme. »

 

Revue de presse – Pays-Bas

Rotterdam

Het Vrije Volk, nº 7178, 19/02/1969, p. 1Het Vrije Volk (nº 7178), quotidien social-démocrate de Rotterdam, publie un article de son correspondant parisien à la page 3, relatant les incidents survenus ce matin lors des obsèques d’Aline et Francis Fourquet.

Het Vrije Volk, nº 7178, 19/02/1969, p. 3

Traduction P@ternet

« Micheline Fourquet menacée

« (De notre correspondant à Paris)

« – Micheline Fourquet, la mère d’Aline et Francis Fourquet, a été obligée de se réfugier à l’intérieur de la maison du gardien du cimetière ce matin après les funérailles de ses enfants. Là, elle a été littéralement emprisonnée jusqu’à ce que le calme soit établi.

« Un groupe de femmes enragées a brisé les fenêtres de la maison et a frappé la porte à coups de poing.

« Elles ont accusé la mère de lâcheté et d’insensibilité. Pourquoi n’était-elle jamais allé à la maison de Cestas pour essayer d’approcher son ex-mari et au moins sauver ses enfants ?

« Ces derniers jours, Micheline Fourquet et la police ont donné la même réponse à ces questions : “André Fourquet aurait certainement tiré.”

« Il y avait beaucoup d’étrangers dans le cimetière, qui est situé au nord de la ville de Bordeaux. Les cercueils étaient cachés sous une masse de fleurs, surtout des œillets blancs. »

 

Revue de presse – Pologne

Rzeszów

Nowiny Rzeszowskie, nº 42, 19/02/1969, p. 1Nowiny Rzeszowskie (nº 42), quotidien édité à Rzeszów, au sud-est de la Pologne, publie une dépêche de l’agence Polska Agencja Prasowa à la une.

Nowiny Rzeszowskie, nº 42, 19/02/1969, p. 1

Traduction P@ternet

« La fin tragique du siège du fou de Cestas

« PARIS (PAP)

« Lundi matin a pris fin tragiquement l’“affaire du fou de Cestas”. Âgé de trente-neuf ans, André Fourquet s’était retranché pendant deux semaines avec deux enfants dans sa ferme de Cestas, près de Bordeaux, contre des agents de la police. Fourquet, voyant que la police lançait un assaut final, a tué à coups de fusil son fils de treize ans, Francis, et sa fille d’un an de plus, Aline, puis s’est suicidé. Fourquet et Francis sont morts dans l’ambulance – Aline à l’hôpital. »

 

Revue de presse – Suisse

Genève

Journal de Genève, nº 41, 19/02/1969, p. 1Le Journal de Genève (nº 41), quotidien édité à Genève, chef-lieu du canton éponyme et deuxième ville la plus peuplée de Suisse, publie un article de son correspont parisien René Dabernat à la page 14.


Lausanne

Nouvelle revue de Lausanne, nº 41, 19/02/1969, p. 1La Nouvelle Revue de Lausanne (nº 41), quotidien de Suisse romande édité à Lausanne, capitale du canton de Vaud, publie « l’image la plus dramatique de la tragédie de Cestas » à la une.

Nouvelle revue de Lausanne, nº 41, 19/02/1969, p. 1


Tribune de Lausanne – Le Matin, nº 50, 19/02/1969, p. 1La Tribune de Lausanne – Le Matin (nº 50), autre quotidien suisse de langue française édité à Lausanne, publie à la une un bel éditorial de son correspondant parisien Jean-Pierre Moulin, au ton mesuré mais sans faiblesse.


Neuchâtel

Feuille d’avis de Neuchâtel, nº 41, 19/02/1969, p. 1La Feuille d’avis de Neuchâtel (nº 41), quotidien suisse de langue française édité à Neuchâtel, chef-lieu du canton éponyme, publie un long article de son correspondant parisien Jean Danès sur deux pages, le début à la une avec une photographie, la fin à la page 20. La publication sur deux pages ne nous en permet pas la reproduction ici.

L’article évoque une affaire qui a défrayé la chronique à la fin du mois dernier en Suisse. Le 25 janvier, les frères Athénaïs et Edmond Rouiller s’étaient retranchés avec leur vieille mère dans une ferme de Mategnin, un hameau à la frontière franco-suisse près de Genève. Avec l’aide du médecin de famille et d’un journaliste, la police obtint la reddition des deux frères le 28 janvier.


Sion

Le Confédéré quotidien, nº 41, 19/02/1969, p. 1Le Confédéré quotidien (nº 41), quotidien d’opinion édité par le parti radical-démocratique valaisan à Sion, publie « l’image la plus dramatique de la tragédie de Cestas » à la page 13.

Le Confédéré quotidien, nº 41, 19/02/1969, p. 12


Zurich

Die Tat, nº 42, 19/02/1969, p. 1Die Tat (nº 42), quotidien suisse de langue allemande édité à Zurich, capitale du canton éponyme, publie une courte dépêche illustrée par une photographie de la ferme du Sayet à la page 10.

Traduction P@ternet

« La France indignée par sa police

[Légende photographique] « Les policiers se tiennent devant la maison qu’ils ont assiégée pendant quinze jours

« L’issue tragique du siège de Cestas a soulevé une vague d’indignation de la population française contre la police. Les policiers avaient fait preuve de patience pendant quinze jours. Ils ne s’en étaient même pas pris à l’assiégé quand celui-ci avait tiré mortellement sur l’un des leurs. C’était le troisième jour. Le seizième jour, lorsqu’elle s’est avancée vers la maison avec des chars et qu’André Fourquet a exécuté sa folle menace, la police a dû admettre qu’elle avait mal évalué la situation. Maintenant, des gens de premier plan comme le lauréat du prix Nobel Alfred Kastler, le biologiste Jean Rostand ou le sénateur Pierre Marcilhacy demandent que le ministre de la Justice démissionne immédiatement et que des sanctions soient prises contre les policiers responsables du siège. »

 

Revue de presse – Canada

Calgary

The Calgary Herald, 19/02/1969, p. 1The Calgary Herald, quotidien canadien anglophone édité à Calgary, plus grande ville de la province canadienne de l’Alberta, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la une.

The Calgary Herald, 19/02/1969, p. 1


The Lethbridge Herald, vol. LXII, nº 58, 19/02/1969, p. 1The Lethbridge Herald (vol. LXII, nº 58), le grand quotidien de Lethbridge, au sud-est de Calgary, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la page 3.


Nanaimo

Nanaimo Daily Free Press, nº 254, 19/02/1969, p. 1Le Nanaimo Daily Free Press (nº 254), quotidien de Nanaimo, en Colombie-Britannique, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la une.

Nanaimo Daily Free Press, nº 254, 19/02/1969, p. 1


Ottawa

The Ottawa Citizen, nº 196, 19/02/1969, p. 1The Ottawa Citizen (nº 196), quotidien d’Ottawa, capitale du Canada, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la une.

The Ottawa Citizen, nº 196, 19/02/1969, p. 1


Québec

Quebec Chronicle-Telegraph, nº 204, 19/02/1969, p. 1Le Quebec Chronicle-Telegraph (nº 204), quotidien anglophone de Québec, capitale de la province canadienne éponyme, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la une.

Quebec Chronicle-Telegraph, nº 204, 19/02/1969, p. 1


Winnipeg

Winnipeg Free Press, vol. 76, nº 122, 19/02/1969, p. 1Winnipeg Free Press (vol. 76, nº 122), le quotidien de référence de Winnipeg, capitale de la province canadienne du Manitoba, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la page 35.

Winnipeg Free Press, vol. 76, nº 122, 19/02/1969, p. 35

 

Revue de presse – États-Unis

Wilmington

Evening Journal, vol. 37, nº 41, 19/02/1969, p. 1L’Evening Journal (vol. 37, nº 41), quotidien édité à Wilmington, la plus grande ville du Delaware, publie une dépêche de l’agence United Press International à la page 34.

Evening Journal, vol. 37, nº 41, 19/02/1969, p. 34


Tampa

The Tampa Times, nº 11, 19/02/1969, p. 1The Tampa Times (nº 11), quotidien édité à Tampa, au centre de la Floride, publie une dépêche de l’agence de presse United Press International à la page 6A.

The Tampa Times, nº 11, 19/02/1969, p. 6A


Miami (Florida)

The Miami News, nº 27490, 19/02/1969, p. 1The Miami News (nº 27490), quotidien vespéral édité à Miami, au sud-est de la Floride, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la page 3-P.

The Miami News, nº 27490, 19/02/1969, p. 3-P


Des Moines

Des Moines Tribune, 19/02/1969, p. 1La Des Moines Tribune, quotidien édité à Des Moines, capitale de l’Iowa, publie une dépêche de l’agence de presse Reuters à la page 10.

Des Moines Tribune, 19/02/1969, p. 10


Dayton (Ohio)

Dayton Daily News, vol. 92, nº 164, 19/02/1969, p. 1Le Dayton Daily News (vol. 92, nº 164), quotidien édité à Dayton, dans l’Ohio, publie une dépêche de l’agence United Press International à la page 39.


Franklin

The News-Herald, nº 27490, 19/02/1969, p. 1The News-Herald (nº 27490), quotidien édité à Franklin, en Pennsylvanie, publie une dépêche de l’agence United Press International à la page 18.

The News-Herald, nº 27490, 19/02/1969, p. 18

 

Revue de presse – Japon

Tokyo

Pacific Stars and Stripes, vol. 25, nº 49, 19/02/1969, p. 1Le Pacific Stars and Stripes (vol. 25, nº 49), quotidien des forces armées des États-Unis à l’étranger édité à Tokyo, la capitale du Japon, publie à la page 5 l’une des photographies prises par Jean-Gérard Maingot dimanche dernier et diffusée par l’agence Associated Press.

 

Revue de presse – Australie

Melbourne

The Age, 19/02/1969, p. 1The Age, quotidien édité à Melbourne, publie une compilation de dépêches des agences Australian Associated Press et Reuters à la page 5, illustrée par deux photographies.

L’article évoque une affaire qui fit beaucoup de bruit l’été dernier. Le 2 juillet 1968, munie d’un mandat d’arrêt, la police se présenta au domicile d’un jeune homme de vingt-trois ans nommé Wally Mellish, à Glenfield, dans la banlieue ouest de Sydney, dans le cadre d’une enquête sur un vol de voiture. Mellish venait juste d’emménager dans une maisonnette avec sa petite amie de vingt ans, Beryl Muddle, et le bébé de cette dernière. Effrayé, il tira en direction des policiers. S’ensuivit un siège rocambolesque de huit jours au cours desquels furent négociés l’annulation du mandat d’arrêt et le mariage des deux jeunes gens, le tout très largement couvert par les médias. Wally Mellish se rendit le 9 juillet et épousa peu après sa petite amie, avec les responsables de la police comme témoins du mariage…


Canberra

The Canberra Times, vol. 43, nº 12239, 19/02/1969, p. 1The Canberra Times (vol. 43, nº 12239), quotidien édité à Canberra, capitale de l’Australie, publie également une compilation de dépêches des agences Australian Associated Press et Reuters, mais beaucoup plus brève, à la page 7.

The Canberra Times, vol. 43, nº 12239, 19/02/1969, p. 7

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